ST POINT, un point c'est tout

Oui, il est possible de pratiquer le "N" en France avec une véritable démarche de modéliste d'atmosphère. Alors je vous propose de plonger, sans retenue, dans l'univers de ST POINT, quelque part sur une ligne de l'est de la France. 

Le réseau parait simple ; il est, en fait, des plus raisonnables. Le plan suit un tracé en forme d'os de chien, c'est à dire que la voie est un ovale replié sur lui-même. Nous nous trouvons donc devant une fausse double voie, mais l'illusion est parfaite grâce à un évitement de stockage souterrain. Une gare de passage - ST POINT - occupe la plus grande partie du réseau. On y trouve tout ce qui fait une station de moyenne importance : un BV (bâtiment voyageurs) faisant face à quatre voies à quai, un faisceau de voie de débord, une halle à marchandises prolongée par un quai couvert, une annexe traction importante et même deux postes de signalisation. L'autre aile du réseau représente une région de collines où double voie et voie unique voisinent. Une courte antenne dessert en effet, depuis la gare de ST POINT, la gare de Bourvilain et ses embranchements particuliers, accessibles par rebroussement. Si la rampe est régulière (22 pour mille), ses courbes serrées, sa longueur, son début dès l'aiguille de sortie de la gare, imposent un matériel de traction puissant pour desservir le chantier de ferraille qui se trouve embranché à Bourvilain. La nécessaire manoeuvre de refoulement est assurée par un locotracteur stationné sur une voie de débord. Comme vous pouvez le constater sur le plan du réseau, les possibilités de jeu sont nombreuses. Tous les espaces sont occupés, le réseau s'intègre au plus juste dans la pièce qui lui est dévolue, mais c'est une parfaite adéquation entre place disponible, réalisme et longueur des voies.

Le réseau se trouve quelque part en bourgogne. La gare de ST POINT, patrie de Lamartine, est installée en grande courbe, pour favoriser l'impression d'étalement des implantations ferroviaires aux pieds de la colline qui porte le bourg. Tous les bâtiments sont de fabrication personnelle et emploient la même technique. Les façades sont tracées sur un carton contrecollé à la surface glacée, les encadrements des ouvertures, les chaînes d'angles et autres reliefs sont ensuite découpés au cutter. Puis la pellicule glacée est retirée entre les reliefs, laissant apparaître un carton plus grossier qui, une fois peint, évoque à merveille un crépi rugueux. Les volumes plus complexes, comme les piles des viaducs en courbe, sont sculptés dans du polystyrène extrudé. La place centrale du bourg présente une succession de bâtiments fabriqués sur une période d'une dizaine d'années environ. C'est en observant ce quartier que l'on peut entrevoir l'évolution accomplie par le modéliste dans la maîtrise de son art. Entre les bâtiments des origines du réseau et ceux fabriqués dernièrement, que de progrès! L'ensemble a fière allure, les intérieurs des échoppes ou des appartements situés au premier plan sont détaillés. Les bâtiments sont amovibles et prennent place dans un socle taillé à leurs justes dimensions. Ils sont enfichés dans le plateau du réseau à l'aide de deux longueurs de fil laiton de fort diamètre, fils qui assurent le contact électrique nécessaire à l'alimentation de leur éclairage intérieur. Cette petite combine, bien astucieuse, permet de peaufiner à loisir un bâtiment sur un établi avant de le réinstaller sur le réseau pour une séance d'exploitation.

Sur la partie rurale du réseau, on peut admirer une ferme typique du Beaujolais et l'entreprise de ferraille Miton, dont les cours sont finement détaillées. La végétation fait appel à toutes les techniques en vogue dans les dix années passées. La représentation d'un champ de blé mûr aux abords immédiats de la gare de Bourvilain nous permet de nous situer en fin de saison estivale. Et si l'on prête l'oreille, on entendra certainement, derrière le ronflement de quelque gros diesel de ligne, le chant du grillon.

Nous sommes à la fin des années 60, les locomotives diesel côtoient les dernières machines à vapeur dont le service se cantonne uniquement aux trains de marchandises. Les vedettes du réseau sont à n'en pas douter les machines diesel de ligne : CC 72000, BB 67000, BB 63000... épaulées par quelques locotracteurs de manoeuvre : Y 7100, Y 5100. Quant à la desserte voyageurs de Bourvilain, elle est assurée par des autorails Picasso ou ABJ. Les rames remorquées sont constituées avec un rare souci de conformité, on y trouve un fourgon à chaque fois que cela s'avère nécessaire... Tous les wagons sont chargés et constituent des rames homogènes. L'ensemble du matériel est finement et sobrement patiné d'un simple petit voile de poussière. En "N" il ne faut pas trop en faire.

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